Histoire

L'histoire de Nielles

Le nom de Nielles apparaît dans des documents au XI siècle. 

Le travail des paysans est efficace ; ils sont plus nombreux : un habitat se développe le long de la vallée du Bléquin. (Lares, ancien « larris » : friche, le Hamel...) ils attaquent l'ancien saltus, défrichent et repoussent de plus en plus loin les « Grands Bois ». De part et d'autre des manoirs, (maisons entourées de leurs jardins et vergers enclos de haies), le long de la rivière est jalonné de marais, de prés, lieux d'élevage. 

Une société féodale, composée de guerriers, domine, du haut de ses donjons, la paysannerie locale. 

Deux sites fortifiés : 

- La Motte du Hamel : on peut en voir les vestiges tronqués. 

- Le Clos de l'Abbaye (St Rémi) qui jouxte l'église et le cimetière. 

L'ensemble limité par la Horde-Rue, la rue des Martyrs, l'ancienne place et la rue du Chêne était probablement entouré d'une palissade; « horde » en vieux français signifie « palissade >> 

Nielles-les-Boulenois, car il est près du Boulonnais, est bien un village-frontière.

Depuis 1477, deux provinces ont leur sort politique et administratif qui divergent : le Boulonnais, non sans difficultés, reste dans le Royaume de France, l’Artois, dont fait partie Nielles, devient autrichien puis espagnol. Entre la France et l’Espagne, il y a souvent la guerre qui touche les provinces du nord, et bien sûr, les villages-frontières sont les plus exposés. En 1595, les soldats ennemis, donc Français, sont passés à Nielles et ont ravagé le village, prenant les forts et l’église.

Ils tueux jusqu’aux enfants de 7 à 8 ans. (Faut-il y voir l’origine du nom “Rue des Martyrs” ?) Huit jours durant, le capitaine Delestas a resisté pour ne pas livrer le château de Nielles ; il a terminé à la potence.

En 1638, nouveaux ravages lors de la guerre de 30 ans quand les français tentent de reconquérir l’Artois.

La paix revient avec le traité de Nimègue quand l’Artois réservé est rattaché à la France (1677).

L’effet frontière ne disparaît cependant pas : il existe toujours une frontière au niveau fiscal (contrebande de sel, de tabac....)

La Motte du Hamel est probablement le siège d’un fief important (au XVIIIème siècle, il était appelé “ le fief de Marconne “) Bien située, avec un moulin, une chapelle, une tour qui s’élevait dans le manoir de l’autre côté de la rue actuelle, sa base était bordée par le Bléquin.

Une société chrétienne : organisée en paroisse sous la protection de St Martin, intégrée au XIIIème siècle dans le doyenné d’Helfaut. Une église est alors construite.

Des dons sont faits: aux Cisterciens de Clairmarais, par la famille de Coupelle, des droits sur les moulins à St Bertin mais l’acte essentiel est la donation par Baudoin l’aîné de son domaine de Nielles à l’abbaye St Rémi de Reims. Cela a entraîné une situation complexe à Nielles. St Rémi tient la seigneurie foncière où elle se fait représenter par un maire et un prévôt.

Une seigneurie vicomtière dispose d’un modeste pouvoir de commandement (chevaliers de Selles, sires de Vaudringhem dits “sires de Nielles”.

La seigneurie demeure un cadre important de la société nielloise. En 1586, les moines de St Rémi échangent leur domaine de Nielles contre une seigneurie plus proche. Se succèdent alors les familles de Guernonval, de Noyelles, de Béthune…(jusqu’en 1789). 

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A cette date, la seigneurie de Nielles n’est pas sans importance. Elle rassemble maison seigneuriale (située dans la rue du Moulin d'aujourd’hui, elle s’appelait la Prévôté et constituait un des points forts du paysage seigneurial avec le Pilori, sur la place, et la Place Patibulaire - potence - et l’échafaud vers Vaudringhem), manoirs, prairies, bois, terres à labour…

L’analyse du paysage niellois montre une opposition entre deux systèmes qui sépare la vallée.

Au sud du Bléquin, une organisation régulière qui évoque une cadastration géométrique de l’administration romaine. Les cadastrations de l’époque romaine divisent l’espace en carrés d’environ 710 mètres de côté, autour de deux axes principaux, le DECUMANUS (del’est vers l’ouest) et le CARDO MAXIMUS (du nord au sud).

L’axes trouverait son origine à Lumbres, serait suivi, en grande partie, du Chemin de St Pierre-Wismes (avant de se diriger vers la Chaussée Brunehaut : voie romaine reconnue).

Il pourrait s’agir de DECUMANUS MAXIMUS. Le coeur du village relève de cette orientation.

Le CARDO (axe nord-sud): route de Drionville.

Les Cardines (ou petits cardo) : rue du Hamel, limite Nielles - Vaudringhem… (sources : Gilles Pouchain).

Au nord de la vallée, sur le flanc : anciens bois, anciennes friches mises en valeur plus tardivement. (Terrains gagnés sur les Grands Bois : le terme actuel désignant les surfaces non défrichées).

En témoignent les lieux-dits : le Cardonnois (charbon), Avesnes de Larre (avesnes = friches), Breucq (pourquoi pas origines latines : bruscia, broussailles, bruyères).

A noter le chemin du Bournizel (Boulonnais) qui est le chemin de crête sur le plateau et aboutit à COEURLU : un nom antique (latin) “ coriculum-lucus” bois sacré de coudriers.

On peut raisonnablement penser qu’il y a là la marque d’un vaste domaine foncier apparu à l’époque gallo-romaine et qui aurait été ensuite démembré (ager: les champs, le système ordonné et saltus : les friches). On signale des découvertes gallo-romaines à Bléquin et à Beaumont).


Eglise Saint-Martin

Eglise

 

Un peu d'histoire...
 

L'église Saint-Martin de Nielles les Bléquin est un ensemble architectural issu de plusieurs phases de construction, d'agrandissement et de restauration.

L'édifice primitif est construit à partir des 13e ou 14e siècles mais de multiples transformations et reconstructions l'affectent entre le 15e et 19e siècles. A l'origine, l'église dispose d'un plan basilical formé d'une longue nef unique avec un choeur. Puis, le plan évolue au 17e siècle vers la croix latine: un bras de transept est ajouté ainsi que des chapelles aux extrémités. D'importants travaux sont réalisés lors de la deuxième moitié du 19e siècle sous la maîtrise d'oeuvre de l'architecte Emile Libersalle. La tour est restaurée en 1854. En 1859, deux bas-côtés sont ajoutés ainsi que deux travées avec une abside à trois pans: ils témoignent de l'évolution du système porteur des charpentes au cours du temps. La tour occidentale, typique de la construction régionale, est surmontée d'une flèche de maçonnerie à crochets qui marque l'époque gothique flamboyante. Elle sera également restaurée en 1870. Le clocher est inscrit au titre des Monuments Historiques par arrêté du 5 avril 1930.

 

La restauration

 

L'agence Nathalie T'Kint réalise une étude préalable générale de l'église Saint-Martin en 2011. Elle émet un certain nombre de recommandations, en particulier concernant le besoin de restauration des maçonneries en pierre et de leur parement au niveau du clocher. En effet, les garde-corps du chemin de ronde du clocher sont dégradés, provoquant des chutes de pierre. Des infiltrations d'eau sont également détectées au niveau du solin, entre le clocher et la couverture de la nef. De plus, un mérule, un champignon lignivore, se développe au niveau des charpentes de la nef. L'état dégradé des verrières est également inquiétant tout comme la structure en bois de de la tribune.

Les premiers travaux, concernant la phase prioritaire de la restauration, regroupent la restauration du clocher de la tranche ferme initiale et les travaux de traitement du mérule et des charpentes. Ils sont lancés en 2013.

En 2019-2020, un drainage périphérique est réalisé. Son but est d'assainir les murs et éviter ainsi les remontées d'eaux par capillarité. Cette opération préparatoire est nécessaire dans l'attente de l'achèvement de la restauration des murs gouttereaux de la nef et de l'ensemble du choeur.

                                                                                              Coût des opérations:

                                                                                                      - Tour et Nef: 783 865,58 euros HT

                                                                                                       - Drainage: 65 487,44 euros HT

                                                                                                Financements:

                                                                                                        - Département: 144 796,92 euros

                                                                                                        - Région: 109 054,40 euros

                                                                                                         - DRAC: 150 000 euros

                                                                                                         - Commune: 445 511, 69 euros


Chapelle Notre Dame du Mont

Chapelle

La lègende...

Un preux chevalier qui fuyait le champ de bataille, les uns disent de Crécy, les autres d'Azincourt, d'autres enfin disent des Croisades, s'égara pendant une tempête dans les forêts et les landes qui couvraient alors la chaîne de collines qui s'étend depuis Samer jusque Affringues. A bout de forces, il parvint au bord d'une pente raide envahie de ronces et de genêts qu'il ne pouvait affranchir.

Blessé, il s'assit au pied d'un arbre et s'endormit épuisé de fatigue, n'attendant que la mort. Pendant son sommeil, il rêva qu'il était encore au coeur de la bataille et s'éveilla terrorisé. Il eut alors la vision de la vierge Marie tenant l'enfant Jésus sur le bras; elle le réconforta et lui promit un prompt retour chez lui. Elle lui apporta réconfort et courage et l'assura que ses adversités allaient finir.

S'étant levé, il trouva un chemin qu'il n'avait pas vu la veille, nommé encore aujourd'hui "Chemin de Notre Dame de Bourniselle". Il s'agenouilla pour remercier la vierge en promettant d'ériger une chapelle avec un clocher qui dépasserait les arbres environnants pour servir de point de repère.

 

L'Histoire...

Le pape Clément XI l'enrichit de plusieurs indulgences plénières, les bulles étaient encore à la chapelle en 1770.

En 1793, la Révolution française bat son plein. On installe à Nielles le culte de la déesse Raison. Les statues et images des saints de l'églisesont brûlées, mais celle de Notre Dame échappe à cette parodie sacrilège. En fait, elle fut sauvée par Philippe Boucart qui assistait à une réunion de "patriotes" dans l'église de Nielles. Ceux-ci, après avoir saccagé l'église se décidèrent à faire subir le même sort à la chapelle de Notre Dame du Mont.

Entendant cela, ce fidèle de Notre Dame alla pendant la nuit prendre l'image sainte pour la cacher chez lui. Furieux de ne pas l'y trouver, les vandales mirent le feu à la chapelle et la détruisirent complètement. De là, ils prirent la direction de Seninghem, se proposant de se venger sur la chapelle de Notre Dame des Ardents. Mais le maire s'opposa à eux, prétextant que la chapelle servait alors de magasin au fourrage. Ils ne purent assouvir leur haine de la religion que sur le mobilier.

Philippe Boucart conserva la statue de Notre Dame jusqu'en 1801, date à laquelle l'église catholique reprit ses prérogatives et que celle de Nielles fut rendue au culte. La statue, rendue au curé du moment, Mr Dublaron, fut alors placée sur le maître-autel de l'église de Nielles jusqu'en 1856.

En avril de cette même année, l'abbé Charles Legier, curé de la paroisse, conçoit l'idée de reconstruire la chapelle qui avait été abattue à la pioche sous la Terreur sur le Mont Barre. Ayant reçu des dons des ses paroissiens, il fait ériger un nouveau sanctuaire à la Vierge. Mais celui-ci n'était pas au même emplacement, la ferveur était moindre. Plusieurs prêtres se succédèrent encore sans accéder aux souhaits de la population.

Enfin, après la nomination de mr Guiot comme prêtre, celui-ci annonce son intention de rebâtir la chapelle sur le mont. Malheureusement, le maire de l'époque, Mr Quenson, s'y oppose et préfère qu'elle soit réédifiée quelques centaines de mètres plus au nord, sur un terrain lui appartenant et dans la perspective de son château. La crise était ouverte entre le maire et la population; le curé soumit le litige à l'évêché. L'évêque trancha en suggérant de bâtir la chapelle contre l'église en agrandissant le choeur de la Vierge qu'on joindrait aux fonts baptismaux par un mur percé de fenêtres, formant ainsi une seconde nef à l'église qui n'en avait qu'une. Ce fut la solution retenue en 1857 et Mr Quenson, déçu, fit élever à l'endroit qu'il avait prévu, une colonne de pierre sur laquelle il posa une statue de Notre Dame du Mont, à la mémoire d'un neveu mort à 23 ans.

L'ensemble des paroissiens et les dévots à Marie regrettaient que la chapelle du Mont ne soit pas reconstruite. Mais les éléments déchaînés allaient leur fournir une nouvelle occasion. Le 8 décembre 1886, la foudre endommagea gravement l'église. Il fallut réparer et modifier l'ameublement. Il sembla alors que la statue de Notre Dame du Mont n'avait plus sa place dans le nouveau décor.

En 1891, l'abbé Stanislas Bailleul (curé de 1874 à 1929) décide de changer les autels latéraux pour les assortir aux lambris qui viennent  d'être posés. dans la foulée, il reconstruit la chapelle à l'endroit original et y replace l'autel Louis XV qui provient de l'église. Le 26 juillet, le vicaire général Leleu bénit la chapelle en présence de 3 000 personnes. Réduite de moitié, elle ne mesure plus que 7 mètres sur 5, alors qu'à l'origine elle avait 15 mètres de long sur 7 de large.

En 1948, l'abbé Tilliette restaure la toiture ainsi que la voûte. Huit cents personnes participèrent à la procession. Dans les années 90, c'est encore plusieurs centaines de pèlerins qui viennet la prier.

A cette même époque, un fidèle de Notre Dame du Mont se décide, par mesure de sécurité, à réaliser une copie de la statue. Cette copie, taillée dans le bois, lui demanda plus de 200 heures de travail acharné. Cette précaution s'avéra judicieuse, car en juin 1996, la porte de la chapelle fut forcée par des vandales qui emportèrent la copie de la statue. L'original est toujours boulonné sur une colonne de la grand nef de l'église.

Le mobilier de la chapelle est donc très simple et réduit. Affiché au banc de communion, on peut y lire cette prière: 

"Si l'amour de Marie, dans ton coeur est gravé,

N'oublie pas, en passant, de lui dire un Ave."

 

Un encouragement à la vie de couple...

Au XVIe siècle, dans le village de Nielles, une coutume avait été établie pour encourager les célibataires au mariage. Les dirigeants, les responsables et l'autorité du moment s'évertuaient à trouver toutes sortent de moyens pour retenir la population; plus il y avait d'habitants, plus il y avait de personnes susceptibles d'acquitter des droits et d'enrichir le budget communal. C'est ainsi qu'il fallait remédier au célibat, faire de son mieux pour que s'épanouissent des familles qui s'enracinaient sur place.

Souvent, si le célibataire n'en avait pas les moyens, il ne trouvait personne pour convoler; il fallait avoir des biens fonciers ou pouvoir garantir de revenus qui constitueraient la dot. C'est ainsi que les dix plus vieux garçons et les dix plus vieilles filles se voyaient remettre une somme pouvant aller jusqu'à une vingtaine de patards. Après cela, il ne leur restait plus qu'à trouver l'âme soeur et fonder une famille.